Fiches Informatique & Numérique - Communiquer

André Laurens - Café’in Numérique - septembre 2024

Le mail

“Mail”, “e-mail”, “courriel”, autant de vocables pour désigner le courrier électronique, qui est devenu un moyen majeur de communication sur Internet. Si beaucoup de gens l’utilisent, tous ne sont pas familiers avec les mécanismes sous-jacents (et leur implications) ou ne connaissent pas les différentes modalités d’utilisation et leur conséquences pratiques.

C’est l’objet de cette fiche d’apporter des éclaircissements et quelques conseils d’utilisation.



Le mail, c’est quoi ?

Courrier électronique, parfois contracté en courriel, est le terme consacré français pour l’anglais electronic mail ou e-mail, abrégé en mail. Il s’agit d’un dispositif d’envoi de messages de façon asynchrone, comme l’est le courrier traditionnel papier. En pratique l’émetteur confie son message à un système de transmission qui n’est pas instantané et qui le déposera dans la boîte-à-lettres du destinataire, lequel ne verra le message que quand il relèvera le courrier dans sa boîte.

Au départ uniquement des messages textuels entre gros ordinateurs reliés directement, le courrier électronique permet aujourd’hui d’échanger des messages enrichis, accompagnés de pièces jointes de toutes natures ; il s’est étendu à Internet, permettant ainsi aux particuliers d’accéder aux services de fournisseurs d’accès Internet (FAI) depuis divers terminaux (ordinateur personnel, smartphone, tablette).

Comment ça marche ?

L’adresse mail

Avant tout, il faut disposer d’une adresse mail, ce qui peut être obtenu de plusieurs façons :

Une adresse mail obéit à une syntaxe standardisés : nom_utilisateur@nom_de_domaine, avec :

A une adresse mail devra être associé un mot de passe, choisi par l’utilisateur, qui servira à s’authentifier lors de toute connexion à son compte mail. En général, le logiciel utilisé (cf. infra) proposera de stocker le mot de passe afin d’éviter à l’utilisateur de le ressaisir à chaque connexion.

Serveurs, clients, protocoles

L’échange de messages est réalisé selon le modèle client-serveur, de la façon suivante :

L'analogie avec le courrier traditionnel est telle, que le vocabulaire la reflète à qui mieux-mieux :

L’espace utilisateur

Dans ce modèle, un espace est alloué à chaque compte utilisateur sur le serveur du fournisseur du service :

Cet espace n’est pas de taille infinie (elle dépend de l’offre), donc le risque de saturation existe si l’utilisateur ne relève pas son courrier ou n’y fait pas régulièrement du ménage. En cas de saturation de l’espace, le serveur refuse les nouveaux messages entrants et le notifie aux serveurs de leurs émetteurs. C’est pour limiter les risques de saturation que les serveurs refusent les messages contenant des pièces jointes de taille supérieure à une certaine limite (de l’ordre de 1 à 5 Mo le plus souvent).

Comment on y accède ?

Différents moyens, matériels et logiciels, sont disponibles pour accéder à son mail, qui déterminent des modalités d’utilisation différentes, qu’il est bon de connaître afin d’en avoir l’usage qui correspond le mieux à ses attentes ou à son mode de vie.

La façon “traditionnelle” : le client lourd

Aussi dénommé client de messagerie (ou mailer en anglais), il s’agit d’un logiciel installé sur un ordinateur qui permettra :

Il utilisera nativement les protocoles POP et SMTP, c’est-à-dire que les messages échangés seront effectivement transférés (copiés) entre le serveur et l’ordinateur client. L’utilisateur pourra configurer le traitement des messages reçus : effacés du serveur après réception, conservés plus ou moins longtemps sur le serveur.

Un client lourd pourra être équipé d’outils complémentaires, principalement un carnet d’adresses et un calendrier ou agenda, soit nativement soit par l’intermédiaire de modules additionnels (ou plugins). L’intégration entre ces outils permettra par exemple de gérer des listes de diffusion, d’envoyer des invitations à des événements définis dans le calendrier.

exemples de clients de messagerie connus : Outlook, logiciel propriétaire de Microsoft, et Thunderbird, logiciel libre de la Mozilla Foundation.

Le premier pas vers le nomadisme : le webmail

Le courrier électronique tel que décrit ci-dessus correspond bien à un usage “sédentaire”, ce qu’il a longtemps été. Pour permettre un usage plus nomade - consulter ses mails quand on n’est pas chez soi ou au bureau, devant son ordinateur habituel - a été créé ce que l'on appelle le webmail.

Il s’agit d’accéder à son serveur de messagerie à travers une interface web, c’est-à-dire en se connectant à un site web depuis un ordinateur quelconque avec un navigateur Internet. L’application web associée a peu ou prou les mêmes fonctions qu’un client de messagerie classique :

La grosse différence réside dans le fait que les messages envoyés et reçus restent sur le serveur (et uniquement là), et ce jusqu’à ce que l’utilisateur les efface volontairement.

Certains fournisseurs de service mail (ex. Hotmail de Microsoft, Gmail de Google) ne proposent pas la prise en charge des protocoles POP et SMTP, il n’est donc pas possible d’accéder à son compte avec un client lourd, mais uniquement par le webmail ou une application mobile dédiée - cf. ci-après.

Le nomadisme intégral : l’application sur mobile

Rien n’empêchait bien sûr de rendre accessible le courrier électronique aux smartphones et tablettes, et c’est le même principe que pour le webmail (messages résidents sur le serveur pour être accessibles depuis n'importe où) qui est mis en œuvre dans les applications mobiles.

En général, elles utilisent le protocole IMAP (pour Internet Message Access Protocol) qui consiste à “synchroniser” les messages entre serveur et client. Hors connexion, l’utilisateur voit donc les messages et dossiers dans l’état de la dernière synchronisation.

Quelques applications :

Sur mobile Android, l’application Gmail de Google est préinstallée pour utiliser un compte de messagerie en @gmail.com, dont la souscription est virtuellement obligatoire pour utiliser les ressources Google.

Quand on utilise d’autres comptes de messagerie, il faut utiliser un autre client de messagerie. S’il en est un de préinstallé, il est généralement très basique et l’on préférera en installer un autre. Pour cela, il y a pas mal de choix :

Remarques à propos d’IMAP :

Aujourd’hui bien des clients lourds permettent de configurer l’accès à un compte avec IMAP en lieu et place de POP/SMTP. Il s’ensuivra un comportement analogue de celui du webmail ou d’un client mobile.

En particulier, il est à noter que le protocole IMAP effectue une vraie synchronisation, c'est-à-dire que si on supprime un message depuis le client mobile, on le supprime aussi sur le serveur, donc plus question de le récupérer de quelque façon que ce soit, et donc pas plus sur le client lourd.

Avantage et inconvénients

Le tableau ci-après résume les avantages et inconvénients des différents mode d’accès au mail.

Mode d’accèsAvantagesInconvénients
Client lourd + POP/SMTPPas besoin d’une connexion Internet pour consulter les anciens messages1

Pas de risque de saturation de l’espace alloué sur le serveur

Confort d’utilisation maximum, intégration de fonctions annexes
Usage plutôt sédentaire, à moins d’utiliser un ordinateur portable
Client lourd + IMAPPas besoin d’une connexion Internet pour consulter les anciens messages

Confort d’utilisation maximum, intégration de fonctions annexes
Usage plutôt sédentaire, à moins d’utiliser un ordinateur portable

Obligation de supprimer des messages sur le serveur pour éviter la saturation de l’espace alloué (mais il est toujours possible de les conserver sur l’ordinateur en les rangeant dans un dossier local)
WebmailUsage nomade : mail accessible dans n’importe quel lieu suffisamment équipé (cybercafé, ordinateur d’un ami, …)

Confort d’utilisation intermédiaire
Nécessité d’une connexion Internet pour consulter les anciens messages

Obligation de supprimer des messages pour éviter la saturation de l’espace alloué sur le serveur

Impossible de transférer les anciens messages d’un webmail à l’autre quand on change de fournisseur de service
Application mobile dédiéeUsage nomade : mail accessible dans n’importe où du moment qu’un accès Internet est disponible

Pas besoin d’une connexion Internet pour consulter les anciens messages
Obligation de supprimer des messages pour éviter la saturation de l’espace alloué sur le serveur

Confort d’utilisation minimal
   

La voie hybride

Mais peut-être voudra-t-on continuer à utiliser comme avant le client de messagerie sur ordinateur à la maison, tout en étant capable de communiquer en mode nomade sur son mobile. Pour combiner les avantages, sans totalement éliminer les inconvénients, il est toujours possible :

Quelques remarques, bons réflexes et conseils d’usage

Les échanges sont asynchrones

Même s’il arrive qu’un message soit transmis très vite, ni le mode de transmission ni la spécification des protocoles, ne garantissent qu’un message va être transmis immédiatement à son destinataire, et bien sûr l’encombrement des réseaux peut en ralentir la transmission.

Aussi pas la peine de s’énerver si message n’arrive pas immédiatement !

Examiner un mail avec circonspection

Le mail est très utilisé par les cybercriminels pour tromper la victime et l’inciter à communiquer des données personnelles et/ou bancaires en se faisant passer pour un tiers de confiance, en général en lui proposant de cliquer sur un lien vers un site. Cela s’appelle le « phishing » (ou hameçonnage en français). Pour s’en protéger, le moyen le plus simple est d’examiner de manière critique le contenu du message :

Avoir plusieurs adresses mail

Bien des gens n’ont qu’une adresse mail, et trouvent très compliqué d’en avoir plusieurs.

C’est pourtant bien commode pour “cloisonner” ses activités… et les risques de spam ou autres cyberennuis, par exemple :

C’est relativement facile à gérer quand on utilise un client lourd, où l’on peut définir autant de “boîtes-à-lettres” que d’adresses, déplacer des messages d’une boîte à l’autre, et où il peut exister un espace “Dossiers locaux” indépendant des différentes boîtes pour organiser les messages à archiver.

Certains clients mobiles (tels que FairEmail cité plus haut) fournissent des possibilités analogues.

C’est très inconfortable de gérer plusieurs adresses avec le webmail, puisqu’il n’y a aucune connexion possible entre les comptes associés.

Une pirouette alternative :

Certains services de mail permettent de définir, et associer à une adresse principale, des alias : il s’agit d’adresses alternatives qui ne sont pas de “vraies” adresses (i.e. associées à des comptes différents) qui :

Nom de domaine blacklisté

Devant la prolifération de mails frauduleux, les fournisseurs de service mail ont équipé leurs serveurs de “filtres de réputation” : fournis par des sociétés spécialisées en cybersécurité et mis a jour régulièrement en fonction de statistiques, ils permettent de détecter et bloquer la transmission de mails potentiellement dangereux. Ainsi, le mail ne sera jamais délivré au destinataire, lequel en sera averti ou pas, l’émetteur en sera averti ou pas.

Malheureusement, certains fournisseurs de service mail utilisent des filtres de réputation simplistes et brutaux, qui soudainement vont rejeter tous les mails d’un domaine donné, ou contenant un certain type de pièces jointes, même s’il n’y a rien de frauduleux dedans. La conséquence est que l’on peut ne plus recevoir les mails de certains correspondants, ou ne plus pouvoir en envoyer à certains autres. Cela peut durer plusieurs semaines avant de revenir à la normale, et en attendant c’est très gênant. A priori on ne peut rien y faire, sauf tenter le contournement en jonglant avec plusieurs adresses mail.

Les pièces jointes

Les plus grosses…

Comme on l’a vu plus haut, la taille des pièces jointes est limitée par les serveurs. Aussi, pour envoyer de gros fichiers, il faudra passer par des services externes :

Dans les deux cas, et de façon plus ou moins automatisée, cela consistera à déposer les fichiers dans un espace de stockage distant, puis à récupérer et envoyer par mail un lien de téléchargement des fichiers ; le lien (et le dépôt) aura une date d’expiration et son accès pourra être conditionné à la saisie d’un mot de passe.

La gestion au quotidien

Conserver les pièces jointes dans les messages qui nous les ont fait parvenir n’est en général pas une bonne idée :

Aussi, il sera sage de les télécharger et les ranger sur le disque dur de l’ordinateur ou dans la mémoire du mobile, et, s’il ne contient rien d’autre d’intéressant, supprimer le message qui les a portées. Certains clients lourds permettent de supprimer les pièces jointes dans le message, en conservant le message et la trace des pièces jointes.

 

 

 


1 bien sûr, quelle que soit la solution, il faut une connexion Internet pour consulter les nouveaux messages
2 à ce propos, une entreprise n’est nullement tenue d’autoriser un employé à utiliser le mail professionnel pour envoyer et recevoir des messages personnels
3 cet inconvénient est à relativiser si on utilise un client lourd avec le protocole POP (messages rapatriés sur l’ordinateur de l’utilisateur)