Fiches Android - Usages

André Laurens - Café’in Numérique - juin 2024

Ecouter de la musique numérique

Depuis l’invention du Compact Disc ou CD par Philips et Sony au début des années 1980, l’enregistrement et le support de la musique sont devenus progressivement numériques, au point que le support analogique n’est plus qu’anecdotique.

Avec la généralisation de l’informatique personnelle, puis des appareils mobiles (smartphones et tablettes), couplés à la facilité d’accès à Internet, il existe aujourd’hui une foule de moyens (matériel, logiciels, médias) pour écouter de la musique : c’est le propos de cette fiche d’en faire un tour d’horizon.



Les sources

Les fichiers audio

Outre le CD désormais un peu daté, le support de la musique enregistrée est le fichier audio, pour lequel il existe plusieurs formats - ci-après les plus courants :

La compression permet de réduire les tailles des fichiers (donc aussi les temps de transfert sur Internet), mais au prix d’une perte de qualité dès qu’il s’agit de compression avec pertes. Pour donner quelques ordres de grandeur :

D’où proviennent-ils ?

En créer soi-même

On peut le faire :

Acheter de la musique en ligne

On peut en télécharger via Internet sur un magasin de musique en ligne (music store en anglais), ou plate-forme de téléchargement, qui est un service en ligne de vente de musique, généralement par morceau, par album ou par abonnement mensuel. Le leader aujourd’hui est iTunes d’Apple, qui a fait décoller la distribution de musique et qui a acquis sa popularité grâce à son baladeur iPod, étroitement intégré au logiciel iTunes. Il a néanmoins des concurrents, payants ou gratuits, comme eMusic, Amazon Music, Google Play.

Ecouter en ligne

On peut aussi écouter de la musique en ligne sans la télécharger1 : c’est le streaming, un mode de diffusion en continu et à la demande, de contenus audio ou vidéo sur Internet. Les sites plus connus sont Deezer, Spotify, et bien sûr YouTube qui diffuse beaucoup de musique sous forme de vidéos, mais aussi Qobuz, Soundcloud, Apple Music, Fnac Jukebox (liste non exhaustive). Si beaucoup sont gratuits et financés par la publicité qu’ils intercalent entre les morceaux, certains proposent un service amélioré (pas ou peu de publicité, possibilité de constituer des listes de lecture ou playlists, …) sur inscription gratuite mais au prix d’une utilisation des habitudes d’écoute des utilisateurs pour les profiler et vendre ces données de profil à des annonceurs. Enfin, certains sont payants ou proposent un service premium payant (à titre d’exemple et pour la petite histoire, le nom du français Deezer vient du fait que l’on peut écouter gratuitement 10 heures de musique, après quoi il faut souscrire un abonnement payant).

Les radios en ligne

Enfin il faut citer la diffusion radio en ligne : initié par des stations de radio traditionnelles qui se sont mises à diffuser leur programme hertzien simultanément en streaming sur Internet, ce mode diffusion a vu l’apparition de radio 100% en ligne, c’est-à-dire sans fréquence d’émission hertzienne. Mais surtout il s’est accompagné d’une possibilité inédite rapidement devenue très populaire : le podcast2, qui permet de réécouter ou d’enregistrer un programme après son émission, quand on n’a pas pu l’écouter en direct.

Le matériel (et aussi quelques logiciels)

Bien sûr le premier matériel d’écoute de musique numérique a été le lecteur de CD, d’abord équipement à connecter à la chaîne hi-fi “de salon”, puis baladeur CD qui remplaça l’antique baladeur à cassettes audio analogiques.

Maintenant, pour écouter de la musique numérique, il faut un ou plusieurs équipements qui assurent les fonctions suivantes :

Ces fonctions sont en général assurées par un ordinateur, une tablette ou un smartphone, ce dernier ayant virtuellement évincé le baladeur audio numérique type iPod. Ils doivent équipés de logiciels appropriés :

Les périphériques de son

Il s’agit d’équipements disposant d’organes analogiques - amplificateur, haut-parleurs - propres à rendre la musique audible par l’oreille humaine

Sur un ordinateur, il y aura toujours une carte son, en charge de la conversion du signal audio numérique en analogique et de son amplification, et ce signal analogique sera envoyé à des haut-parleurs intégrés (sur un ordinateur portable) ou externes sur un ordinateur fixe.

Sur une tablette ou un smartphone, on trouvera les mêmes organes, miniaturisés et intégrés. On peut aussi utiliser la sortie audio analogique pour envoyer le signal sur un amplificateur ou une enceinte amplifiée ou non.

Malheureusement, ces équipements intégrés sont souvent de piètre qualité, ce qui rendra l’écoute peu mélodieuse, même si le fichier audio est de bonne qualité.

Equipements sans fil

Pour y pallier, il existe maintenant des équipements permettant de recevoir directement la musique numérique émise par un ordinateur, une tablette ou un smartphone, via une liaison sans fil utilisant la technologie Bluetooth3 :

EquipementOrganes 
enceinte amplifiéerécepteur Bluetooth, convertisseur numérique analogique, ampli, haut-parleur(s)enceinte_sans_fil
oreillettesrécepteur Bluetooth, convertisseur numérique analogique, ampli, haut-parleur(s)oreillettes_sans_fil
casquerécepteur Bluetooth, convertisseur numérique analogique, ampli, haut-parleur(s)
optionnellement : micro (pour passer des appels téléphoniques), réducteur de bruit ambiant4
casque_sans_fil
récepteur Bluetooth à brancher en entrée de la chaîne hi-firécepteur Bluetooth, convertisseur numérique analogique, sortie analogique vers la chaînerecepteur_bluetooth
récepteur Bluetooth d’auto-radiorécepteur Bluetooth, convertisseur numérique analogique, sortie analogique vers l'ampli de l'auto-radiointégré à l’auto-radio

Il existe aussi des téléviseurs, des chaînes hi-fi, des auto-radios, dotés d’une prise USB sur laquelle on peut connecter une clé USB, et ainsi jouer les fichiers audio stockés sur la clé.

Dans tous ces équipements, le convertisseur numérique analogique est un élément clé, dont la performance sera déterminante pour la qualité de restitution de la musique.

Il faut aussi citer les assistants personnels intelligents inclus dans des enceintes connectées (ex. Amazon Echo, Google Home) qui, actionnés par commande vocale, fournissent divers services parmi lesquels lancer de la musique avec des applications en streaming comme Spotify et YouTube, écouter des stations de radio, lire des livres audio.

Enfin, nombre de ces équipements sans fil (enceintes amplifiées, oreillettes, casques) sont alimentés par une batterie interne qui se recharge le plus souvent via une prise USB (cf. fiche Communiquer - L’USB). En utilisant comme source un mobile (smartphone ou tablette), cela rend possible une écoute musicale nomade. Ces équipements sont adaptés à une écoute à proximité et non à la sonorisation de grands espaces.

Constituer une bibliothèque musicale

Si l’on souhaite pouvoir écouter de la musique numérique sans avoir à se connecter systématiquement à Internet, le plus simple est constituer une bibliothèque musicale sur son ordinateur (à noter que c’est possible aussi sur un smartphone ou une tablette, mais l’espace de stockage bien plus réduit limitera d’autant l’ampleur de la bibliothèque).

Pour ce faire il faut :

Mais dès que la bibliothèque va prendre de l’ampleur (pour un mélomane quelque peu passionné, elle comprendra vite quelques dizaines de milliers de morceaux), il va devenir difficile de s’y retrouver, même si l’on a pris la précaution de nommer les fichiers de façon à reconnaître de quel morceau ou artiste il s’agit, de les ranger dans des dossiers nommés commodément. C’est alors qu’il faut faire usage des métadonnées ou “tags”.

Les métadonnées audio

Certains formats de fichier audio (FLAC, MP3, M4A, OGG, WA) comportent, outre les données musicales proprement dites, des informations sur ces données ou métadonnées (tags en anglais, c’est-à-dire étiquettes).

Les plus utiles vont être : le nom de l’artiste, le titre de l’album, le titre de chacun des morceaux, le rang du morceau dans l’album, l’année de parution, le genre musical, le nom du compositeur, éventuellement une image de la pochette de l’album.

Ces métadonnées vont être utilisées par les media players évolués :

media_player

Même si cela n’est pas strictement indispensable, on voit bien qu’il est préférable de faire en sorte que les métadonnées des fichiers audio soient correctement renseignées, sans quoi la bibliothèque deviendra vite inutilisable. Cela peut être obtenu par divers moyens :

Outre ces fonctions d’organisation, le media player va permettre à l’utilisateur de constituer des listes de lecture (playlists en anglais), c’est-à-dire des sélections de morceaux sur thème donné (ex. “chansons sentimentales en anglais”), ou pour un contexte d’écoute donnée (ex. “musiques pour la plage”, ou “musiques pour la route”), ou à destination d’une personne ou d’un groupe (ex. “chansons pour mes enfants”), enfin sans autre limite que l’imagination de l’utilisateur.

Le “ripping” de CD

Historiquement, c’est le premier moyen de constituer une bibliothèque musicale. Ce terme vient de l'anglais to rip : déchirer, arracher, mais aussi arnaquer. Cela consiste à extraire les informations contenues sur un support tel qu'un disque compact ou un DVD et à les convertir pour les enregistrer sur un ordinateur.

C'est le procédé analogue du “repiquage” sur cassette audio des disques vinyles, et pour la même raison, est encadré par la loi : il s'agit d'une copie et la source pouvant être soumise au droit d'auteur, le ripping est restreint par la gestion des droits numériques. A noter que dans la loi française, la copie privée telle que définie par l'article L122-52 du Code de la propriété intellectuelle, est autorisée.

Les rippers sont soit des logiciels dédiés (ex. Audex, CDex, cdparanoia, Sound Juicer), soit une fonction intégrée à un media player. Dans les deux cas, le logiciel utilise un numéro d'identification attribué par le producteur d’un CD commercial (équivalent de l’ISBN d’un livre) pour aller interroger des bases de données sur Internet afin de récupérer les informations nécessaires à renseigner les principales métadonnées5, et s’en sert pour nommer les fichiers et les dossiers dans lesquels il les rangera. Last but not least, le ripper permet à l’utilisateur de choisir le format dans lequel produire les fichiers, avec un compromis à trouver entre encombrement et qualité musicale (à noter que le format WAV ne comporte pas de métadonnées).

L’enregistrement numérique

Toute personne ayant connu et pratiqué l’enregistrement amateur sur cassette audio analogique, sait qu’il y avait un monde entre cette pratique et l’enregistrement professionnel, tant du point de vue de l’investissement matériel et technique que de la qualité du résultat.

Si aujourd’hui l’enregistrement professionnel n’est virtuellement plus que numérique, il faut noter que le numérique a grandement démocratisé l’enregistrement amateur, avec des performances plus qu’honorables.

En effet, il existe sur le marché des équipements abordables, d’un encombrement raisonnable, et qui permettent à des amateurs de réaliser des enregistrements de qualité au moins égale à la qualité CD. On peut les caractériser ainsi :

CatégorieEquipementsExemples
l’enregistrement transportableun ordinateur portable, un module audionumérique connecté sur l'USB (image ci-contre), 2 (ou plus) microphones ;
la musique est enregistrée directement sur le disque dur de l’ordinateur
tascam-us-144mkii
l’enregistrement nomadeun enregistreur numérique intégré ;
la musique est enregistrée sur une carte flash, et doit être transférée sur ordinateur pour traitement ultérieur
zoom_H4

Les fichiers audio ainsi produits peuvent être traités, retouchés, mastérisés à l’aide de logiciels de MAO (Musique Assistée par Ordinateur), de niveaux variables de sophistication et de facilité d’emploi, parmi lesquels on peut citer :

logiciels de MAO commerciaux payants :

logiciels libres et gratuits, en particulier sous Linux :

 

 

 


1 en pratique il s’agit bien d’un téléchargement, mais le stockage n’est que provisoire, les données étant effacées après avoir été jouées sur le périphérique audio
2 le dispositif doit sont nom à la pratique qui consiste à télécharger les contenus pour les écouter sur un baladeur, en particulier les fameux iPod d’Apple ; podcast est la combinaison des termes iPod et broadcasting
3 il s’agit d’une liaison courte portée et bas débit devenue très populaire depuis la généralisation des smartphones - cf. fiche Communiquer - Comment communique un mobile ?
4 il s’agit d’un dispositif qui capte le bruit ambiant et le “soustrait” au son diffusé par le casque afin de donner à l’utilisateur l’impression qui est dans une bulle de silence alors que son environnement est bruyant (ex. voyage en avion)
5 à noter que ceci ne fonctionnera pas si l’on rippe un CD gravé “maison” par recopie d’un CD commercial, car le CD copié ne porte plus les identificateurs de la production.