Les principes
Si son usage n'a été popularisé qu'avec la démocratisation
des accès Internet, le courrier électronique - ou e-mail (pour electronic mail), ou tout simplement mail, ou encore courriel
pour les francophones inconditionnels - est une des applications informatiques les plus anciennes.
A l'origine, il était limité à l'échange de messages textuels entre des personnes utilisant des ordinateurs collectifs
(par opposition aux ordinateurs personnels qui n'existaient pas encore) auxquels elles se connectaient via des terminaux spécifiques, physiquement reliés auxdits ordinateurs. Comme les interlocuteurs n'étaient pas connectés en permanence à leur ordinateur favori, il ne s'agissait pas de devoir attendre qu'ils soient connectés simultanément pour communiquer. D'où la nécessité d'un échange asynchrone, qui permette à l'émetteur d'envoyer un message n'importe quand, et au destinataire de le récupérer quand cela l'arrange.
En pratique, cela est réalisé par un système de clients et de serveurs, de la façon suivante :
- l'émetteur rédige un message, et quand il l'envoie, le message est transmis non au destinataire, mais au serveur de messagerie auquel est abonné l'émetteur ;
- le destinataire, comme l'émetteur, est désigné par une adresse e-mail de la forme nom_utilisateur@nom_serveur (dans ce contexte, en anglais @ se dit at, à savoir
chez
) ;
- de manière asynchrone (i.e. l'émetteur n'est pas obligé d'attendre), le serveur de messagerie de l'émetteur va acheminer le message vers le serveur de messagerie du destinataire ;
- le destinataire pourra, quand il le désire ou de façon périodique,
aller voir
sur son serveur de messagerie si de nouveaux messages sont arrivés, et les récupérer.
L'analogie avec le courrier traditionnel est telle, que le vocabulaire la reflète à qui mieux-mieux :
- on désigne souvent par
boîte à lettres
ou boîte mail
le compte chez le FAI ou l'espace informatique correspondant sur le serveur : ainsi, on va relever sa boîte mail
;
- le protocole qui permet d'aller interroger le serveur et de récupérer les nouveaux messages s'appelle POP (pour Post Office Protocol), et fait référence à l'utilisation de boîtes postales privatives situées au bureau de poste le plus proche, pratique courante pour les particuliers ruraux aux USA (moins en Europe où les distances plus courtes, permettent une distribution du courrier à domicile) ;
- le protocole pendant, qui permet de transmettre le message de l'émetteur à son serveur s'appelle SMTP (pour Simple Mail Transfer Protocol) ;
- on dit souvent
poster un mail
pour envoyer un message électronique
.
Le contenu des messages et le client de messagerie
Le courrier électronique permet :
- d'envoyer des messages textuels de taille quelconque (donc potentiellement longs) à un correspondant isolé ou à une liste de correspondants,
- d'y attacher des
pièces jointes
, à savoir des fichiers de quelque nature que ce soit (images, musique, vidéos, documents, ...) mais le volume total des pièces jointes d'un message est limité (en général à quelques Mo),
- de demander un accusé de réception des messages, afin de garder trace de sa remise au correspondant.
L'outil qui permet :
- à l’émetteur de rédiger les messages, de les envoyer à son serveur de messagerie,
- au destinataire d'aller relever son courrier et de le visualiser,
- à chacun de les conserver sur son ordinateur,
est un logiciel appelé client de messagerie (ou mailer en anglais). Les clients de messagerie les plus connus sont sans doute Outlook, logiciel propriétaire de Microsoft, et Thunderbird, logiciel libre de la Mozilla Foundation.
Le format des messages et les protocoles associés ayant très tôt été standardisés - le format des mails utilisé depuis le début des années 1960 sur les machines Unix, dit Unix mail, est devenu un standard de fait
-, le courrier électronique est virtuellement indépendant des clients de messagerie, et de la technologie des serveurs (type de machine, OS, logiciels serveur).
Depuis les origines, le contenu même des messages échangé a évolué et s'est enrichi :
- possibilité de mettre en forme le texte, un peu à la façon des logiciels de traitement de texte, grâce à l'adoption de formats évolués comme RTF (pour Rich Text Format) ou le langage html,
- possibilité d'incorporer au message des informations non strictement textuelles (documents, images, contenus multimédia, fichiers divers) sous la forme de pièces jointes ; ceci est réalisé par un mécanisme appelé MIME code, ou type MIME (pour Multipurpose Internet Mail Extensions), qui est une simple étiquette apposée sur la pièce jointe, afin d'indiquer au destinataire sa nature et quoi en faire ; en pratique, le MIME code sera exploité par le client de messagerie pour la visualiser (ou s'il ne sait pas le faire, invoquer un logiciel présent sur l'ordinateur du destinataire) ; bien sûr le destinataire peut enregistrer les pièces jointes sur son ordinateur pour un usage ultérieur.
En parallèle de l'évolution des formats de messages, les fonctions des clients de messagerie se sont enrichies :
- possibilité de gérer plusieurs comptes de messagerie (i.e. plusieurs adresses mail) avec le même client ;
- possibilité d'organiser son courrier en créant des sous-dossiers pour y ranger les messages, de les étiqueter pour en faciliter le traitement, de créer des règles (basées sur le contenu ou le destinataire) pour trier automatiquement les messages entrants dans des dossiers, de les ordonner par émetteur, par date de réception, par
discussion
(les questions et réponses des divers interlocuteurs sont présentées groupées) ;
- gestion d'un carnet d'adresses ;
- fonctions de protection de la vie privée, en particulier gestion de messages ou d'émetteurs indésirables (aussi appelés spams ou junk mail en anglais, ou
pourriels
en français) ;
- fonctions d'organisation, avec en particulier l'incorporation d'un agenda (intégré dans dans Outlook, ou via un module additionnel nommé Lightning pour Thunderbird) qui permet de noter des rendez-vous, d'en envoyer à des correspondants, voir d'en organiser en consultant les agendas d'autres personnes (fonction généralement utilisée en entreprise, et qui nécessite que les personnes rendent leur agenda visible des autres).
Les usages nomades
Le webmail
Le courrier électronique tel que décrit ci-dessus correspond bien à un usage sédentaire
, ce qu'il a longtemps été. Pour permettre un usage plus nomade - consulter ses mails quand on n'est pas chez soi ou au bureau, devant son ordinateur habituel - a été créé ce que l'on appelle le webmail.
Il s'agit d'accéder à son serveur de messagerie à travers une interface web, c'est-à-dire en se connectant à un site web depuis un ordinateur quelconque avec un navigateur Internet. L'application web associée a peu ou prou les mêmes fonctions qu'un client de messagerie classique :
- authentification : l'utilisateur doit entrer l'identification de son compte (en général son adresse mail et un mot de passe),
- interface avec le serveur de messagerie pour récupérer les nouveaux messages entrants et en envoyer,
- affichage des messages reçus, rédaction de messages à envoyer, manipulation de pièces jointes,
- gestion de sous-dossiers et d'un carnet d'adresses,
- traitement des indésirables.
La grosse différence réside dans le fait que les messages envoyés et reçus restent sur le serveur, alors que traditionnellement ils sont tous transférés sur l'ordinateur de l'utilisateur, ce qui présente des avantages et des inconvénients :
- avantages : les messages sont accessibles depuis n'importe où (c'était le but),
- inconvénients : on ne peut consulter ses messages (même les anciens) que si l'on dispose d'une connexion internet (avec la méthode classique, on peut consulter les anciens messages sans connexion, puisqu'ils sont stockés sur l'ordinateur de l'utilisateur) ; les risques de piratage informatique n'étant pas nuls, plus longtemps les messages restent sur le serveur, plus grand est le risque d'atteinte à la confidentialité.
La généralisation des accès Internet et la tendance au nomadisme
rend de plus en plus populaire l'usage du webmail, au point que certains services de courrier électronique ne sont accessibles que par ce moyen : c'est le cas par exemple du service Hotmail de Microsoft et du service Gmail de Google. Les services mail des FAI sont en général accessibles par les deux méthodes.
Les applications de messagerie sur mobiles
Rien n'empêchait bien sûr de rendre accessible le courrier électronique sur smartphones et tablettes, et c'est le même principe (messages résidents sur le serveur pour être accessibles depuis n'importe où) qui est mis en oeuvre dans les applications mobiles sous la forme du protocole IMAP (pour Internet Message Access Protocol) qui consiste à synchroniser
les messages entre serveur et client.
Mais on voudra peut-être continuer à utiliser comme avant le client de messagerie sur ordinateur à la maison, tout en étant capable de communiquer en mode nomade sur son mobile. Pour combiner les avantages, sans totalement éliminer les inconvénients, il est toujours possible :
- de configurer le client de messagerie sur ordinateur, avec le protocole POP, pour qu'il ne supprime pas les messages du serveur après les avoir récupérés ; il reste néanmoins deux inconvénients : les messages supprimés sur l'ordinateur seront retransmis depuis le serveur à la prochaine connexion, et les messages envoyés ne sont pas conservés sur le serveur ;
- de configurer le client de messagerie sur mobile pour qu'il utilise le protocole IMAP ; des perturbations dans la connexion (en particulier avec les clients sur mobiles) peuvent avoir pour conséquence une synchronisation partielle et parfois défaillante entre le contenu du serveur et la copie sur l'ordinateur de l'utilisateur.
