Libre, ouvert, propriétaire?

Les origines du logiciel libre

L'idée du logiciel libre est née au début des années 1980 du désir d'une communauté d'informaticiens de revenir aux pratiques de libre partage et de coopération, qui étaient la règle avant que le droit d'auteur ne soit appliqué aux logiciels.

En effet, jusque là, le profit des entreprises informatiques était généré par les ordinateurs, et l'accès au code source du logiciel était considéré comme normal ; aussi, les milieux professionnels et universitaires s'échangeaient volontiers logiciels et codes sources, et les constructeurs d'ordinateurs donnaient libre accès aux leurs.

Mais les progrès techniques réalisés font prendre conscience à certains développeurs de l'importance que les logiciels pourraient avoir dans la société à l'avenir, du potentiel commercial qu'ils représentent et de l’intérêt qu'ils auraient à les protéger. Dans les années 1980, l'avènement de la micro-informatique va généraliser le modèle économique qui consiste à séparer la vente des matériels et des logiciels, et donner un essor spectaculaire aux éditeurs de logiciels, qui fondent leur activité sur le développement de logiciels et sur la vente de licences d'utilisation. Tout cela aboutit à l’adoption du logiciel sous l’égide de la protection du droit d’auteur.

Dès lors apparaît le besoin de distinguer le logiciel libre du logiciel propriétaire, ces deux catégories s'opposant sur le fait d'octroyer ou non les quatre libertés logicielles :

Les motivations des tenants du logiciel libre relèvent de l’éthique et de la philosophie politique : il s'agit en effet de ne laisser l’homme devenir ni l’esclave de la machine et de ceux qui auraient l’exclusivité de sa programmation, ni de cartels monopolisant des connaissances en fonction de leurs seuls intérêts. Ils œuvrent pour une libre diffusion des connaissances (avec des implications politiques, éthiques, philosophiques, sociales ou sociétales), selon le modèle de coopération qui a toujours été celui des universités.

Logiciel libre, gratuit, open source, ...

Ces termes sont souvent confondu ou employés l'un pour l'autre, à tort, l’ambiguïté étant entretenue par le vocable anglais free software qui signifie logiciel libre, et qui, traduit mot-à-mot, signifierait logiciel gratuit. Aussi est-il bon de les préciser.

Un logiciel libre est un logiciel pour lequel les quatre libertés citées plus haut sont garanties techniquement et juridiquement :

Un logiciel gratuit (ou gratuiciel, ou freeware en anglais) est le plus souvent un logiciel propriétaire distribué gratuitement sans conférer à l'utilisateur certaines libertés d'usage associées au logiciel libre. Par exemple, un logiciel freeware peut fonctionner gratuitement pour une durée de temps limité, ou bien les droits de copie et/ou de distribution sont limités ; ou bien plus généralement l'accès au code source n'est pas donné, donc on ne peut ni savoir exactement ce qu'il fait, ni le modifier pour l'adapter à ses besoins. Le principe de freeware peut être une stratégie de marketing fondée sur des revenus indirects : support payant à l'utilisation, fonctions volontairement bridées pour donner envie d'acheter la version payante, etc.

Si la nature du logiciel libre facilite et encourage son partage, ce qui tend à le rendre gratuit, elle ne s'oppose pas pour autant à des rémunérations via des services associés : travaux de création, de développement, de mise à disposition et de soutien technique.

Par ailleurs, les logiciels gratuits ne sont pas nécessairement libres, car leur code source n'est pas systématiquement accessible et leur licence peut ne pas correspondre à la définition du logiciel libre.

La notion d'open source (ou source ouverte en français) recouvre les possibilités de libre redistribution, d'accès au code source et de création de travaux dérivés. Si l'accès au code source est indispensable à l'exercice de certaines des quatre libertés fondamentales, un logiciel open source n'est pas forcément un logiciel libre. En effet, l'open source s'attache aux avantages qu'il y a à la réutilisation du code source, met les considérations techniques de développement logiciel devant les valeurs philosophiques et politiques de justice, et ne s'oppose pas à l'utilisation de systèmes intégrés combinant logiciels propriétaires et logiciels open source.

Malgré ces nuances, rien n'empêche qu'un logiciel puisse être à la fois libre, open source et gratuit !

Voir ici quelques exemples de logiciels libres et de logiciels propriétaires.

Le libre au-delà du logiciel

Les formats ouverts

L'idée de libre venue du logiciel s'est naturellement étendue aux formats des fichiers que les logiciels manipulent.

Ainsi, un format ouvert désigne un format de données interopérable et dont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d'accès ni de mise en œuvre.

Par opposition, les formats propriétaires, ou formats fermés, ont des spécifications gardées secrètes par les entreprises les ayant développés, ou bien si elles sont accessibles, leur mise en œuvre reste restreinte juridiquement ou techniquement. Par exemple, le format de fichier .doc de Microsoft n'est connu que de Microsoft, et ne peut être manipulé qu'avec le logiciel Microsoft Word (pour illustrer ce propos, lire le billet Why not word).

Les logiciels libres ont, dans leur grande majorité, tendance à respecter les formats standards ouverts, ce qui favorise l'interopérabilité et garantit l'accès aux documents numériques archivés.

Voir ici quelques exemples de formats ouverts et de formats propriétaires.

Le matériel libre

Le matériel libre, matériel ouvert ou matériel open source désigne, par analogie avec le logiciel libre et le logiciel open source, les technologies et produits développés selon les principes des ressources libres de droits ou sous licence libre, à savoir que leurs plans ont été rendus publics de façon à ce que chacun puisse les fabriquer, modifier, distribuer et utiliser.

Ce mouvement est né du fait qu'Internet a démocratisé la publication et la diffusion d'informations techniques, et a suscité le développement communautaire et la production participative.

On trouve des matériels libres dans la plupart des secteurs de l'économie : nourriture, habitat, transports, domaine médical, outillage, énergie, etc.

Mais le domaine technique le plus développé est sans doute l'électronique : électronique grand public, téléphonie, équipements de musique, et bien sûr l'informatique, avec par exemple :